Le premier ministre indien Narendra Modi est donc confirmé par l’Élysée comme invité d’honneur de la cérémonie du 14 juillet 2023. Le dirigeant du Sous-Continent assistera ce vendredi au traditionnel défilé militaire sur les Champs Élysées aux côtés d’Emmanuel Macron.
Il est bien entendu nécessaire pour la France d’entretenir de bonnes relations diplomatiques avec l’Inde, désormais, depuis avril dernier, pays le plus peuplé de la planète. Néanmoins, il faut être soit totalement ignorant du contexte politique indien actuel, soit totalement cynique pour faire de M. Modi l’invité d’honneur de la République française à l’occasion d’une journée qui en est le symbole le plus marquant.
D’abord le parti de l’actuel Premier ministre, le BJP (pour Bharatiya Janata Party – Parti indien du peuple) est un mouvement politique nationaliste hindou à l’extrême droite de l’échiquier politique indien. Ce parti n’est d’ailleurs que la vitrine politique du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh, Organisation volontaire nationale), groupe paramilitaire ultranationaliste fondé en 1925 sur le modèle des milices fascistes italiennes. L’assassin du Mahatma Gandhi en 1948, Nathuram Godse, était issu des rangs du RSS.
Mais au-delà des affres de l’histoire, il faut rappeler que depuis l’arrivée en 2014, de Narendra Modi au pouvoir, l’Inde, la « plus grande démocratie du monde », n’a eu de cesse de régresser dans sa lutte contre la pauvreté, contre les inégalités , comme en termes de droits humains et de libertés fondamentales.
Le gouvernement de N. Modi a fait adopter de nombreuses lois drastiques à l’encontre des institutions démocratiques indiennes et a tout fait pour museler les médias, les militant·e·s des droits humains et les opposant.es politiques les plus critiques. Ainsi Rahul Gandhi, son principal opposant, opportunément condamné à deux ans de prison et rendu inéligible aux élections générales de 2024 pour une vague histoire de diffamation. Parallèlement, les discriminations et les agressions à l’encontre des minorités religieuses, et en particulier des musulmans, n’ont fait que croître, avec l’aval des autorités.
Le 14 juillet, faut-il le rappeler, est la fête nationale française symbolisant la victoire des idées des Lumières et des droits humains sur les privilèges et tous les despotismes. Ces valeurs ne valent-elles rien comparées à l’espoir de vendre 26 Rafales, trois sous-marins ? Ou à la construction écocidaire d’une centrale nucléaire, fortement contestée par la population ?
Si l’Inde est un grand pays qui mérite toute notre attention, pour Europe-Ecologie-Les-Verts, dans ce contexte de régression démocratique et d’irrésistible ascension de l’extrême droite, faire de Narendra Modi l’invité d’honneur du 14 Juillet, à quelques mois des prochaines élections générales indiennes, est une faute politique majeure.
EELV rappelle à Emmanuel Macron qu’il a été élu pour la deuxième fois l’année dernière afin de faire barrage à l’extrême droite, à l’échelle nationale comme internationale, pas pour en être le meilleur marchepied.
EELV demande au Président de la République de recevoir le Premier Ministre indien comme tout chef d’État étranger en déplacement dans notre pays, sans un rehaussement protocolaire mettant particulièrement en lumière un dirigeant de plus en plus décrié.
EELV demande à Emmanuel Macron de recevoir parallèlement l’ensemble des organisations de défense des droits humains, sociaux et environnementaux qui travaillent en Inde et sont particulièrement visées par le pouvoir actuel de Monsieur Modi.
EELV propose à nouveau l’adoption d’une loi pour permettre au-delà d’un nécessaire débat, une transparence et un contrôle a priori et strict du Parlement sur les ventes d’armes et de matériels militaires de la France à l’étranger, un cadre juridique contraignant, limitant nos exportations d’armements et les conditionnant à des critères sociaux, environnementaux et de droits humains respectant les valeurs d’une république digne de ce nom.
Le pays de Gandhi comme notre « patrie des droits humains» méritent bien mieux que le cynisme et l’opportunisme actuels.
EELV appelle donc au rassemblement organisé par plusieurs collectifs sur les pelouses des Invalides le 13 juillet à partir de 17 h.
Sophie Bussière et Aminata Niakaté, porte-parole
La commission Transnationale EELV