Depuis le mercredi 26 juillet 20233, le président du Niger, M. Mohamed Bazoum, est séquestré et retenu prisonnier par des éléments de la Garde Républicaine, normalement chargée d’assurer sa sécurité. Un gouvernement militaire, dirigé par le général Abdourahamane Tchiani, est désormais au pouvoir dans ce pays du Sahel. Dans la foulée de cette prise de pouvoir, des ministres, des député.e.s et des représentant.e.s de la société civile ont également été arrêté.e.s.
Les écologistes appellent à la libération immédiate du Président Bazoum et tous les autres prisonnier.e.s politiques.
Affrontements entre militaires au Soudan, attaques djihadistes au Sahel, coups d’État au Mali, au Burkina Faso, au Tchad, en Guinée : la situation politique et sécuritaire est extrêmement fragile dans toute cette partie du monde. Ce nouveau coup de force militaire face à un président élu démocratiquement ne peut que déstabiliser un peu plus la région.
Après avoir dû retirer ses troupes du Mali, la France, ex-puissance coloniale, n’en a pas tiré des leçons et a redéployé au Niger le gros de ses forces militaires, avec près de 1500 soldats installés sur la base aérienne de Niamey.
Face aux manifestations anti-françaises devant l’ambassade de France, le Président Emmanuel Macron menace de recourir à la force armée pour défendre les intérêts de la France et des entreprises françaises.
Outre le contrôle des migrations qui lui a été confié, le Niger est également le 1er fournisseur d’uranium de l’U.E. C’est Orano (ex- Areva) qui y exploite l’uranium depuis plus de 50 ans. Ce minerai indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires est une ressource “stratégique” à l’heure où le président Macron souhaite, sous couvert de transition énergétique, relancer l’industrie nucléaire française. Cette exploitation est désastreuse pour l’environnement et pour la situation sanitaire des populations locales. Insuffisamment rétribuée, elle ne profite en rien au Niger qui est classé 187ème sur 187 selon l’indice international de l’IDH (Indice de Développement Humain). Cette position illustre la continuité de la politique de la “françafrique” qui loin d’améliorer la situation des pays n’a fait qu’approfondir la dégradation des situations politiques, sécuritaires, sociales, économiques et environnementales.
La France, l’Allemagne, l’Union Africaine et la Cédéao ont adopté toute une série de sanctions contre la nouvelle junte au pouvoir notamment en suspendant les aides financières et l’aide au développement.
EELV s’interroge sur la pertinence de certaines de ces sanctions, qui appliquées au Mali notamment, ont montré leurs limites en touchant davantage les populations civiles que les juntes.
Pour EELV, dans ces conditions, le rétablissement du président BAZOUM et le retour à l’ordre constitutionnel ne suffiront pas à ramener le calme dans la région. Sans changements profonds de cette politique d’exploitation extractiviste, militaire et de contrôle migratoire, le sentiment anti-France et anti-occident, exacerbé par la propagande russe, continuera de croître dans tous les pays de la région.
Fort de ses valeurs non-violentes :
- EELV prend acte de la détermination de la communauté internationale à s’opposer à ce nouveau coup de force au Niger.
- EELV souhaite que tous les moyens diplomatiques soient utilisés pour résoudre cette crise. Tout recours à la force armée dans une région déjà fragilisée ne ferait qu’aggraver le chaos et favoriser les mouvements djihadistes armés. Il est essentiel que les organisations régionales – l’Union Africaine et la CEDEAO – jouent pleinement leur rôle de médiateurs dans ce processus, y compris en évitant un recours à la force qui serait contre productif.
- Pour EELV, il est essentiel de soutenir les nigérien.ne.s afin de favoriser un développement qui bénéficie à l’ensemble de la population.
Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole
La commission Transnationale d’Europe Écologie Les Verts