Un train européen de solidarité pour la Syrie
Partager

Ce mardi 11 décembre, un TGV est parti de la Gare de l’Est à Paris à 10h55, direction Strasbourg, avec à son bord une délégation de plus de 300 personnalités et militants soutenant le peuple syrien. Plusieurs wagons avaient été réservés pour l’occasion par les organisations Souria Houria et Vague Blanche, associations françaises œuvrant pour la démocratie et les droits de l’homme en Syrie. Militants français, syriens, franco-syriens, etc. tous étaient là pour exprimer leur solidarité avec le peuple syrien qui continue de subir les exactions du régime sanguinaire de Bachar El Assad. Car depuis mars 2011, début des soulèvements dans tout le pays contre le régime de Damas, plus de 41 000 personnes sont mortes, et chaque jour qui passe égrène son lot mortuaire de civils tués et blessés. Le « Train pour la liberté du peuple syrien » avait prévu Strasbourg comme destination car le Parlement européen siège en session plénière toute cette semaine. Il s’agissait de se rendre en délégation à la rencontre des parlementaires européens pour leur transmettre des propositions d’action.

Les voyageurs ont manifesté dans la Gare de l’Est avant de prendre le train aux cris de « Bachar, casse-toi, la Syrie n’est pas à toi! » ou encore  « Bachar, assassin! ». Des vêtements et des visages blancs en papier jonchaient le sol de la gare, symbolisant la triste réalité des dizaines de milliers de victimes de ce conflit.

Monzer Makhous, ambassadeur de la Coalition syrienne en France, et d’autres membres de la Coalition nationale de l’opposition, étaient à bord du train afin de rencontrer dans l’après-midi des parlementaires européens. L’écrivain-essayiste, Noëlle Châtelet, sœur de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin et très impliquée sur la Syrie, était également du voyage.

Nous étions cinq militants de la commission Transnationale d’Europe Ecologie Les Verts à bord: Françoise Hoffet, Cécilia Joxe, Abdelsalam kleiche, Patrick Farbiaz et moi-même.

Arrivés à Strasbourg, nous nous sommes tous rendus, sous égide de l’association Alsace Syrie, au Théâtre national, écouter des prises de parole de personnalités comme Jack Ralite, ancien ministre communiste et homme de lettres, l’écrivaine syrienne Samar Yazbek ou encore des spécialistes de la Syrie comme Ignace Leverrier (qui tient un très bon blog sur la Syrie).

Puis nous nous sommes rendus en délégation au Parlement européen. Une première délégation a été reçue par  le cabinet de Catherine Ashton, haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères. Puis dans une autre salle, sous égide de Patrick Le Hyaric, eurodéputée de la GUE/NGL, un débat a eu lieu durant plus d’une heure entre la délégation et plusieurs eurodéputées, dont Hélène Flautre, Nicole Kiil-Nielsen et Malika Benarab-Attou pour le groupe Verts/ALE.

L’objectif était de porter jusqu’au Parlement européen de Strasbourg un certain nombre de demandes politiques et humanitaires, dont la reconnaissance de la Coalition unitaire syrienne, comme interlocuteur unique et légitime, l’établissement de relations avec ses représentants, une augmentation de l’aide aux réfugiés ou encore la mise en place urgente de corridors et de lignes sanitaires pour l’acheminement des médicaments. Il s’agissait plus globalement de faire connaitre l’existence d’une société civile qui se bat au quotidien et qui prend en charge, notamment dans les zones libérées, la vie quotidienne et administrative, et de parler d’une aide particulière à envisager pour les femmes qui connaissent une situation très dure, devant assurer le ravitaillement ou encore la non-scolarisation des enfants tout en affrontant la peur et la terreur quotidiennes. Les délégations demandaient également une ouverture des frontières européennes pour les réfugiés.

Une petite délégation des représentants de la Coalition syrienne en France a ensuite été reçue par Eva Joly, présidente de la commission du développement au Parlement européen. Elle était composée de Samar Yazbek, écrivain et responsable de l’association de femmes Soriat pour le développement humain, Shadi Abou Falher, responsable des Comités de coordination des quartiers de Damas, Bassma Kodmani, ex porte-parole du Conseil National Syrien et responsable de l’Arab Inititiative Reform, Lamis Zolhof, du Comité de secours de la population syrienne et Mohamed Al Roumi, de Souria Houria. La délégation a insisté sur la nécessité de réorienter une partie de l’aide débloquée par l’UE vers les déplacés de l’intérieur (trois millions de personnes) et de travailler en lien étroit avec les comités locaux de l’intérieur qui contrôlent les zones libérées. Il a également été évoqué le travail que mène le Comité syrien pour la traçabilité des avoirs de la famille Assad et de tous les caciques du régime (avoirs dont une partie est déjà gelée) en France et en Europe. Eva Joly a rappelé la transparence totale de l’aide débloquée par l’UE au profit du peuple syrien dont il est possible de suivre le cheminement sur Internet.
Nous sommes ensuite repartis à 18h30 pour un retour à Paris après cette brève et intense journée à Strasbourg.

Certes, sur le terrain, les opposants syriens qui se battent pour survivre et mettre à bas un régime exécrable doivent trouver le temps bien long avant que la communauté internationale ne commence à réagir sérieusement. Mais les choses bougent peu à peu : l’ONU a annoncé il y a quelques jours qu’elle retirait du pays son personnel non essentiel, suivie de près par l’Union européenne. Les rebelles intensifient en effet les attaques, notamment à Damas, et cela suscite l’inquiétude de la communauté internationale quant aux réactions de Bachar El Assad, soupçonné il y a peu par Washington d’être prêt à recourir aux armes chimiques contre son peuple. Les ministres des affaires étrangères des 28 membres de l’OTAN viennent également de donner leur feu vert au déploiement de missiles Patriot en Turquie, le long de la frontière syrienne, mettant en garde Damas sur « la réaction immédiate de la communauté internationale » en cas d’utilisation de son arsenal chimique.

Etant donnée la situation actuelle, et surtout en plein hiver, alors que la population commence à souffrir du froid, chaque action, chaque geste, compte donc pour exprimer sa solidarité avec le peuple syrien en lutte. D’où ce voyage de notre délégation à bord du « train pour la liberté du peuple syrien ».

Pour plus d’infos sur la position d’EELV sur la Syrie :

https://transnationale.eelv.fr/2012/09/27/nous-devons-aider-le-changement-en-syrie/

Benjamin Joyeux