Écocide au Pérou : une législation internationale urgente
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Le 15 janvier dernier, s’est produit au Pérou l’accident pétrolier le plus grave de son histoire, provoquant une marée noire sans précédent. Le 26 janvier, autre accident,  au même endroit. La multinationale espagnole Repsol est la responsable de cette fuite de plus de 12000 barils de brut lors d’un déchargement dans sa raffinerie au nord de Lima. 

La marée noire a atteint deux aires naturelles protégées: la réserve nationale des îles de Guano ainsi que la zone d’Ancon. Plus de 180 hectares de littoral ont été souillés, ainsi que 713 hectares d’espaces maritimes, entrainant la mort de milliers de poissons, d’oiseaux, du plancton et d’espèces protégées, tels le pingouin de Humboldt, la loutre marine, etc. 30 plages au moins ont été polluées, en pleine saison estivale, provoquant le départ de près de 5 millions de touristes. Plus de 2500 pêcheurs et des centaines de commerçants subissent l’arrêt total de leur activité. L’impact écologique, social, sanitaire et économique de cette catastrophe est immense.

Repsol ne disposait ni de système d’alerte, ni de plan d’urgence, et ses premières mesures ont été dérisoires face à l’ampleur du désastre. L’entreprise a essayé d’en rejeter la responsabilité sur « des vagues inhabituelles » provoquées par l’éruption du volcan Tonga, information démentie par les autorités, et a également menti sur le volume de pétrole déversé. 

Ces marées noires, tristement habituelles au Pérou, ne sont jamais sanctionnées. Entre décembre 2021 et janvier 2022, le nord en a connu une autre, l’Amazonie péruvienne, cinq, alors qu’on en comptabilise près de 500 en 20 ans, et plus de 2000 destructions environnementales. 

Une lourde responsabilité incombe aussi aux autorités péruviennes qui ont toujours favorisé l’investissement dans les secteurs extractifs sans tenir compte de l’environnement. Le congrès n’a, jusqu’ici, pas nommé de commission d’enquête sur toutes les catastrophes liées au pétrole. En effet, ce sont les lobbies des entreprises qui ont édicté pendant des décennies des lois, décrets et règlements en leur faveur.

Europe Ecologie Les Verts (EELV) exprime sa profonde indignation et dénonce le crime d’écocide de REPSOL, entreprise qui a déjà été sanctionnée 32 fois pour pollution marine, dans la même zone.

Pour EELV, l’exploitation des hydrocarbures doit décroitre car elle menace l’écosystème mondial, le climat, et la survie de l’humanité. C’est d’autant plus vrai dans une région amazonienne aux ressources trop convoitées, où se concentrent forêt primaire et biodiversité inégalée.  

En attendant l’arrêt total des énergies fossiles, pour EELV, il faut mettre fin aux très nombreuses catastrophes environnementales provoquées par son extraction et son transport. Dans les pays dépendant de son exportation, une législation rigoureuse et sans complaisance qui ne peut être qu’internationale, doit s’appliquer.

C’est pourquoi, EELV défend la Responsabilité Environnementale et Sociale des Entreprises (RSE) et la loi sur le Devoir de Vigilance, en négociation à l’ONU et voté par le Parlement européen. Repsol ainsi que les autres entreprises responsables des marées noires doivent en assumer, matériellement et financièrement, les effets, à la hauteur de la gravité des catastrophes.

EELV rappelle que des règles internationales régissent les Droits des peuples autochtones dont font partie les peuples amazoniens. Leur environnement doit être protégé, restauré en cas de détérioration et des dédommagements doivent leur être versés.

Pour permettre aux populations de réagir, EELV défend l’accord d’Escazu qui garantit la protection des défenseurs de l’environnement, et c’est justement en Amérique amérindienne qu’on compte le plus de victimes.

Françoise Alamartine, Co-responsable de la Commission Transnationale d’EELV

Alain Coulombel, Porte parole national d’EELV 

Philippe Stanisière, délégué à l’international  au Bureau Exécutif  d’EELV