L’Industrie extractive en question
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Par David Santana

Le 7 janvier 2014 avait lieu à Paris une séance de ciné-débat sur le thème des luttes contre l’extractivisme dans plusieurs pays, co-organisée par la Mairie du 2e arrondissement et l’association Terre et Liberté. Cette séance a permis le regroupement de divers collectifs de soutien à ces luttes locales dans un collectif français de lutte contre l’extractivisme.

Qu’est-ce que l’extractivisme ?

L’association Alternatives au Développement Extractiviste et Anthropocentré (ALDEAH) explique que ce terme faisant initialement référence aux activités extractives au sens strict (mines et hydrocarbures), désigne par extension, « l’accélération de toutes les activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle (du gaz de schiste à l’agriculture chimique et même les infrastructures facilitant ces différentes activités) et la place centrale de ces secteurs d’activité pour les économies exportatrices de matières premières. » En effet, l’extractivisme est à la base du système économique dominant, qui ne peut assurer sa pérennité et sa reproduction sans l’extraction continue des « ressources naturelles » afin de servir de base matérielle à la croissance.

Malgré un imaginaire collectif présentant l’extraction de ressources naturelles comme une source de création de richesses et de développement, des chercheurs (en économie, en sciences sociales) et des associations, dénoncent ce modèle et affirment non seulement que les richesses qu’elles créent ne bénéficient pas aux populations locales, mais qu’en plus leur exploitation a des effets désastreux sur l’environnement, la santé, et le lien social.

Les luttes contre les projets extractivistes :

Les films projetés le 7 janvier décrivaient quatre luttes contre des méga-projets miniers ou pétroliers, au Pérou (Conga dans les Andes), en Équateur (territoire Shuar), en Roumanie (Rosia Montana) et en Grèce (Halkidiki). Cette séance a permis de mettre à jour les logiques inhérentes à l’extractivisme que ce soit pour des mines, du pétrole, ou d’autres ressources ; au Nord comme au Sud. Les compagnies minières et les gouvernements implantent des projets sans concertation, ce qui a pour effet de provoquer la réaction des populations locales souvent réprimées. Si les luttes ont plus ou moins de succès à travers le monde, elles restent souvent très locales alors qu’elles combattent un même système (l’extractivisme) et les mêmes compagnies. Il est cependant intéressant de noter à quel point ces mobilisations sont similaires, même jusqu’à leurs slogans : « de l’eau pas de l’or », « la vie vaut plus que l’or », « l’or ne se mange/boit pas » (et l’équivalent avec d’autres matières). De plus en plus, les populations locales sont amenées à se fédérer pour proposer des plans de développement régionaux alternatifs respectueux de l’homme et de l’environnement, ce qui permet de montrer le potentiel d’inventivité et d’innovation de la société. Mais ces solutions ne font que transposer les problèmes vers d’autres territoires moins défendus sur lesquels les multinationales pourront jeter leur dévolu.

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« Les Gardiens des Lacs », manifestation de paysans péruviens
contre la mine de Conga – Auteur : Lynda Sullivan.

Les solutions alternatives à l’extractivisme doivent ainsi s’appuyer sur deux piliers : une démocratie locale renforcée qui permette aux habitants d’un territoire de décider de leur modèle de développement et de ce qui est fait avec leur environnement ; un autre modèle de développement qui ne soit pas basé sur une croissance débridée et illimitée (avec notamment une diminution de la consommation, une mise en valeur du recyclage, etc.). Dans ce contexte, l’écologie politique paraît la solution la plus évidente autant au Nord qu’au Sud !

Au moment où des luttes ont lieu en France contre les gaz de schiste, l’extraction de sable, etc…, Europe Écologie – Les Verts continuera bien sûr à soutenir les luttes équivalentes à travers le monde, par le biais de ses militants et de ses élus (comme l’a fait par exemple Catherine Grèze à plusieurs reprises), et à proposer un modèle de société écologique!

Pour aller plus loin

Sur l’extractivisme :

Alternatives au développement extractiviste et anthropocentré, ALDEAH

Wikipedia

Sur les luttes locales mentionnées :

Pérou : Solidarité Cajamarca

Roumanie : Salvati Rosia Montana

Grèce : AntiGold Grèce

Pour rejoindre le collectif anti-extractiviste de Paris, écrire à :

antiextractivisme.paris@gmail.com