Tchad : Mettre fin à la répression et aux reculs de la transition
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Ce jeudi 20 octobre 2022, malgré l’interdiction, de nombreux Tchadiens se sont  mobilisés à N’Djamena et dans diverses villes du Tchad, répondant ainsi à l’appel de Wakit Tamma (une coalition d’acteurs de la société civile) et de partis d’opposition. Ils protestaient contre la décision de prolonger de 2 ans la période de «  transition » et de maintenir le Général Mahamat Idriss Déby comme Président. Cette décision a été prise par l’Assemblée constitutive du « Dialogue national souverain et inclusif » (DNIS), devant réformer les institutions et la constitution tchadiennes, boycottée par une grande majorité de l’opposition et de la société civile. La DNIS a également accordé à l’actuel président la possibilité de se présenter à l’élection présidentielle qui concluera  la  la période de transition, trahissant ainsi la promesse faite l’an dernier à la communauté internationale afin qu’elle valide sa prise de pouvoir anticonstitutionnelle. 

Ce jeudi 20 octobre a été choisi pour ces marches de protestation car c’est ce jour que devait normalement prendre fin la transition ainsi que la présidence de Mahamat Idriss Déby. La réponse a été une violente répression avec une « cinquantaine de morts », dont celle du journaliste Oredjé Narcisse, et « plus de trois cents blessés », selon le gouvernement tchadien. Il est à craindre que la bilan humain réel soit bien plus lourd.

En plus de l’instauration d’un couvre-feu, le gouvernement tchadien vient  de suspendre pour 3 mois les activités de 7 partis politiques d’opposition. Celles de  Waktl Tamma  sont interdites et cette coalition sera poursuivie en justice  comme les partis d’opposition Les Transformateurs, de Succès Masra, et le PSF (Parti Socialiste sans Frontière) de Yaya Diallo.

Europe Ecologie Les Verts (EELV) condamne la répression meurtrière contre les populations civiles et déplore des mesures gouvernementales qui fragilisent un peu plus une transition dont la crédibilité est déjà largement contestée.

EELV exhorte la France à agir de toute urgence pour mettre fin aux exactions et résoudre cette crise par des voies pacifiques. 

EELV demande à la France, l’Union européenne et l’Union africaine  la mise en place d’enquêtes réellement indépendantes  et de rappeler à la junte ses engagements : une transition de 18 mois, des élections « libres et démocratiques ». 

EELV rappelle  que la France  a joué un rôle majeur dans la prise de pouvoir illégal  du  Général Mahamat Idriss Déby suite à la mort de son père,  Idriss Deby, qui « régna » 30 ans. 

EELV regrette que  la France continue de soutenir la dictature tchadienne qui lui sert de « bras armé » dans sa  politique militaire au Sahel; politique dont l’échec face au djihadisme est patent.  

EELV souligne la responsabilité de la France puisque , dans le cadre de la coopération de sécurité et de défense, elle contribue à la formation et à l’équipement de l’appareil sécuritaire du pouvoir tchadien.

Pour EELV, le régime corrompu a profité de la  manne pétrolière qui gangrène  les pays pétroliers. La sortie des énergies fossiles n’est pas seulement une nécessité climatique, elle est  aussi une urgence démocratique.

Chloé Sagaspe et Alain Coulombel, porte-paroles
La Commission Transnationale d’EELV